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Introduction à la conférence-débat du 12 avril 2006 à Nevers

« Ma maman pleure tous les jours. Un monsieur a écrit qu’on ne pouvait pas rester. »

Voilà ce qu'a dit un matin de novembre une fillette de 4 ans à sa maîtresse de l'école Guynemer à Nevers, tout près de chez nous donc. La maman de la petite Joselina venait de recevoir un arrêté de reconduite à la frontière.

Après ce qui s'était déjà passé à Decize, à l'école de la Rotonde, après avoir entendu parler de l'affaire Makombo dans l'Yonne, c'en était trop pour un certain nombre d'entre nous

Un échange de courriels, des coups de téléphones et la décision d'organiser une réunion, en activant nos réseaux était prise.

Le 6 décembre à la maison des Eduens, une douzaine de personnes représentant des associations, des syndicats, des partis politiques, et bien sûr des enseignants des écoles Guynemer et La Rotonde se retrouvaient et décidaient d'agir.  Le collectif nivernais contre l'expulsion des enfants et adolescents scolarisés était né.

Une de nos premières actions a été de rédiger un texte à partir duquel  nous pourrions mobiliser la population. Celui-ci a été très largement diffusé, médiatiser et plus de 1500 personnes l'ont désormais signé. 1500 personnes qui montrent ainsi leur révolte et leur volonté de ne pas voir cette situation perdurer.

Mais quelle situation au fait ?

Le non respect des droits élémentaires, de l’enfant et de l’être.

Car être menacé d’un arrêté de reconduite à la frontière :

C’est vivre, au jour le jour, dans l’angoisse d’une interpellation par la police.

C’est vivre le combat quotidien des démarches auprès d’une administration qui ne prend même plus la peine de lire les dossiers, qui vous fait comprendre que vous êtes indésirable en multipliant les obstacles, qui met en doute continuellement votre histoire que vous avez tant de peine à raconter parce qu’elle est douloureuse et que souvent vous ne parlez pas encore bien la langue française.

C’est la hantise du camp de rétention, d’un retour forcé dans un pays que vous avez fui dans des conditions douloureuses pour échapper à la guerre, la dictature, la discrimination raciale,  et les conditions de misère qui en découlent. Ou parce qu’étant enfant orphelin, vous avez voulu rejoindre un oncle, une cousine qui acceptaient de vous accueillir. Et donc retour forcé dans un pays que parfois vous connaissez souvent  à peine, l’ayant quitté à 1 ou 2 ans ou que vous ne connaissez pas du tout.

Nous estimons, nous, que la liberté, la générosité, la solidarité sont des valeurs à défendre et à placer plus haut que les ambitions présidentielles et les propos démagogiques de quelques uns.

Et comment enseigner ces valeurs à nos enfants, nos élèves quand notre gouvernement les bafoue ?

Comment un représentant du gouvernement peut-il dire : nous avons conscience de l’angoisse de ces familles, le respect des droits humains sont notre préoccupation et aussitôt après : « il est du devoir de cette mère ou de ce père de préparer son retour avec sérénité afin que leurs enfants le vivent le mieux possible » ; sachant pertinemment que dans le pays de destination sévissent encore la guerre ou la répression, des épidémies, etc. La préoccupation de l’administration préfectorale : faire du chiffre, remplir les quotas fixés par le ministère.

Les enfants ont des droits : ceux de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant que la France a signés et ratifiés. Je vous invite à en lire quelques extraits sur les murs de la salle. Alors comment M.Sarkozy peut-il qualifier de généreuse et humanitaire sa circulaire demandant aux préfets de suspendre les expulsions d'élèves jusqu'au 30 juin 2006 ?

Jusqu'au 30 juin 2006 seulement. Est-ce plus tolérable parce que cela se passera sous le soleil de l’été ?

Avec cette réunion où nous sommes heureux de vous voir aussi nombreux, nous voulons faire partager par le plus grand nombre notre combat afin que vous aussi puissiez le relayer.

Les élus peuvent avoir aussi un rôle important dans ce combat, Ceux qui représentent notre communauté doivent faire vivre nos valeurs républicaines ; c’est ainsi que nous avons sollicité toutes les municipalités de la Nièvre. Pour l’instant nous avons reçu la délibération de Varennes-Vauzelles qui apporte soutien à nos initiatives ; l’ensemble des membres du conseil municipal de Garchizy a signé l’appel tout comme des députés, sénateur, des conseillers généraux et des conseillers régionaux. Nous continuerons et vous engageons à le faire, à interpeller vos maires pour qu’ils interviennent dans ce débat.

D’autant plus qu’ils peuvent être un appui important dans le soutien de cas individuel.

Aider et soutenir individuellement les  enfants et adolescents sans-papiers est un volet important de l’activité du collectif.

Même si beaucoup d’associations interviennent déjà auprès des populations immigrées nous avons eu conscience qu’il fallait mettre en place un réseau de vigilance plus proche des établissements scolaires, capable de tendre la main à ces jeunes. Jeunes qui ne se font connaître spontanément que rarement. Rarement pour d’évidentes raisons de sécurité et de prudence mais aussi par honte, injustifiée mais bien réelle, car ce sont eux qui sont désignés à la vindicte, eux que les policiers traquent. 

C’est comme cela que des groupes se sont constitués autour d’élèves  de différents établissements scolaires de la Nièvre etc.

Des  membres du collectif, par ailleurs engagés dans des associations qui oeuvrent depuis longtemps auprès des demandeurs d’asile, apportent leurs compétences et leur soutien à l’équipe éducative qui se mobilise autour d’un élève, compétences sans lesquelles rien ne pourraient se faire.

 Car  il en faut des compétences pour affronter le maquis des circulaires du ministère de l’intérieur et les services de la préfecture.

 


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