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  • Intervention de Mme Carillon-Couvreur à la cérémonie de parrainages du 18 novembre 2006

    Mesdames, Messieurs,

    Nous sommes réunis aujourd’hui dans la maison communale, pour cette nouvelle cérémonie de parrainages républicains. Ce lieu est chargé des symboles et des valeurs qui ont forgé le socle de notre république française et qui sont la Liberté, l’Egalité, la Fraternité !
    Trois mots, trois concepts, trois commandements qui fondent notre pacte républicain et trônent depuis plus de deux siècles au fronton de nos mairies. Cette devise est plus qu’un symbole, elle illustre le combat pour une société plus juste et plus fraternelle. Elle est également une promesse, une règle, un vœu, un engagement… formulés par le peuple et ses élus. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui, pour honorer cet engagement comme chaque fois qu’il en va de la défense du pacte social et des plus fragiles d’entre nous, notamment les enfants et les jeunes.C’est dans cet esprit que la Ville de Nevers s’est engagée, parmi les toutes premières communes de France, avec force et sincérité, dans la défense des Droits de l’Enfant en signant la Convention nationale Ville Amie des Enfants.« Nevers, Ville amie des enfants », c’est le label décerné par l’UNICEF à la Ville de Nevers, en raison de la place importante qu’elle leur accorde dans la plupart de ses politiques et des moyens qu’elle déploie, afin que les jeunes Neversois ne soient pas seulement des consommateurs à chérir et à protéger, mais surtout des citoyens en devenir.
    Les Villes Amies des Enfants ont également pour mission de promouvoir la connaissance de la Convention internationale des Droits de l’Enfant signée en 1989.

    Cette mission, nous l’assumons, notamment en cette semaine des Droits de l’Enfant.

    Dans cette Convention internationale, les Etats parties reconnaissent, je cite, « qu'il y a dans tous les pays du monde des enfants qui vivent dans des conditions particulièrement difficiles, et qu'il est nécessaire d'accorder à ces enfants une attention particulière. » En outre, son article 2 affirme que les Etats parties s’engagent à respecter les droits de l’enfant « sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre, de l'enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation. »Enfin, l’article 3 de la Convention commande que, dans toutes les décisions qui concernent les enfants, quelle qu’en soit l’auteur, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale.
     A la lecture de ces dispositions internationales, j’ai la profonde conviction que la façon dont sont traités, en ce moment, les enfants et les jeunes scolarisés en situation irrégulière ainsi que leurs parents n’est pas respectueuse des engagements de la France.Aussi, en tant que représentante de la Nation, je ne pouvais garder le silence.

    J’ai alerté mes collègues de l’Assemblée nationale sur cette situation dont la figure emblématique malheureuse fut Suzanna, pour laquelle nous nous sommes tous battus. Et ils ont réagi, nombreux, au delà des clivages politiques.J’ai donc ensuite, proposé à l’Assemblée nationale la création d’une commission d’enquête « sur les conditions de traitement des dossiers de régularisation des ressortissants étrangers en situation irrégulière, parents d’enfants scolarisés, dans le cadre de la circulaire du 13 juin 2006. »C’est pourquoi je souhaite adresser un message de soutien et d’encouragement à toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés et qui se mobilisent encore pour défendre la cause de ces enfants.
    Les choses évoluent grâce à cette mobilisation sans faille.

    C’est toujours sous l’impulsion de quelques uns, que la majorité se rassemble. Il s’agit là d’un véritable message d’espoir : il n’est jamais inutile de se mettre au service d’une cause juste.C’est exactement ce pour quoi nous sommes réunis, ici et maintenant.Nous parrainons, aujourd’hui, six enfants qui vivent dans l’inquiétude et l’incertitude du lendemain. Havin et Aleyna, vous êtes nées ici même à Nevers. Kadir, Zara, Batoura, Mamadou, vous êtes à l’école où vous apprenez en français les bases de la vie en société, et aujourd’hui vous ne comprenez sans doute pas pourquoi on vous dit que la France n’est pas votre pays.
    Comment oser penser vous renvoyer dans un endroit, un pays, que vous ne connaîtrez sans doute que par la souffrance que vos parents ont connu là bas ?
    Au nom de quoi, des décisions autoritaires d’expulsion, de renvoi vers des pays livrés à la tourmente et à l’extrême précarité peuvent-elles être prises à votre encontre ?Républicains, citoyens, parents, enseignants, réunis notamment au sein du Collectif nivernais contre l’expulsion des enfants scolarisés, en appellent à l’esprit d’humanité qui doit toujours prévaloir dans notre société.Nous, élus de la Ville de Nevers, soutenons sans réserves cet appel.
    Nous voulons, par cette action de parrainages républicains, apaiser l’esprit de vos familles en leur montrant que nous sommes à vos côtés, avec vous.
    Kadir, Zara, Havin, Aleyna, Batoura et Mamadou, vous avez maintenant un papier.  Il n’est pas officiel, ne vous protège pas avec certitude. Mais une chose est certaine : par l’attestation que vos parents détiennent pour vous, nous, représentants du peuple, vous reconnaissons comme membre à part entière de notre corps social, de notre communauté. Cette reconnaissance vaut plus qu’un document administratif. Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que la vie d’un enfant ne tient seulement qu’à un bout de papier.
    Ainsi, la Ville de Nevers accomplit le devoir fondamental de la cité en honorant ses engagements et les valeurs que ses élus défendent.