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Texte de l'intervention de Mme la députée Martine Carrillon-Couvreur lors de la cérémonie de parrainages républicains du 13 juillet 2006.

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis aujourd’hui dans la maison communale, pour cette cérémonie solennelle de parrainages républicains.
Ce lieu est évidemment chargé des symboles et des valeurs qui ont forgé le socle de notre république française et qui sont la Liberté, l’Egalité, la Fraternité !
Trois mots, trois concepts, trois commandements qui fondent notre pacte républicain et trônent depuis plus de deux siècles au fronton de nos mairies.
Cette devise est plus qu’un symbole, elle illustre le combat pour une société plus juste et plus fraternelle. Elle est également une promesse, une règle, un vœu, un engagement… formulés par le peuple et ses élus.
C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui, pour honorer cet engagement comme chaque fois qu’il en va de la défense du pacte social et des plus fragiles d’entre nous, notamment les enfants et les jeunes.
C’est dans cet esprit que la Ville de Nevers s’est engagée, parmi les toutes premières communes de France, avec force et sincérité, dans la défense des Droits de l’Enfant en signant la Convention nationale Ville Amie des Enfants en partenariat avec l’UNICEF.
Aujourd’hui, ce réseau Villes Amies des Enfants constitue une force regroupant plus de 100 communes.
Ville Amie des Enfants, ce n’est pas un slogan, mais un engagement. Par ce label, nous nous sommes engagés à rendre notre ville toujours plus accueillante et accessible aux enfants et aux jeunes, à améliorer leur sécurité, leur environnement, leur accès à la culture et aux loisirs.
Les Villes Amies des Enfants ont également pour mission de promouvoir la connaissance de la Convention internationale des Droits de l’Enfant et de faire progresser un esprit de solidarité internationale.
La Convention commande d’agir dans l’intérêt supérieur des enfants et de la jeunesse, notamment, dans le domaine de l’éducation.
C’est exactement, mes chers concitoyens, ce pour quoi nous sommes réunis, ici et maintenant.
Nous parrainons, aujourd’hui, quatre jeunes qui vivent dans l’inquiétude et l’incertitude du lendemain.
Le propre de la jeunesse, c’est son ouverture vers des chemins nouveaux et ses rêves de liberté.
Or, pour celles et ceux que nous accueillons, ce rêve leur est aujourd’hui confisqué et leur avenir mis en péril.
Comment ne pas réagir avec détermination et humanité !
Comment, dès lors, concevoir de laisser des enfants et des jeunes scolarisés, dans une situation qu’on leur dit « irrégulière » et menant à une expulsion hors de nos frontières ?
Ces enfants, ces jeunes sont en cours de formation. Ils ont tissé du lien social, amical, affectif, ici, chez nous, chez eux.
Il est de nombreux cas où le lien de ces enfants, de ces jeunes, avec leur pays d’origine est tenu, distendu, voire rompu.

Comment oser penser les renvoyer dans un endroit, un pays, qu’ils ne connaissent pas, qu’ils ne connaissent plus, qu’ils ne reconnaîtront plus et où ils risquent de vivre la guerre, la misère, la douleur, la souffrance qu’ils ont dû fuir ?
Ils ne sont pas responsables de leur présence sur le sol français.
Pourquoi les en rendrait-on coupables ?
Au nom de quoi, des décisions autoritaires d’expulsion, de renvoi vers des pays livrés à la tourmente et à l’extrême précarité peuvent-elles être prises ?

Interrogeons-nous sur les conditions de vie et sur les perspectives offertes aux enfants et aux jeunes qui, tous les jours, toute l’année, sont sacrifiés sur l’autel de politiques qu’ils ne maîtrisent pas, abandonnés dans le fossé de la marche du monde.
Républicains, citoyens, parents, enseignants, réunis notamment au sein du Collectif nivernais contre l’expulsion des enfants scolarisés, en appellent à l’esprit d’humanité qui doit toujours prévaloir dans notre société.
Nous, élus de la Ville de Nevers, soutenons sans réserves cet appel.
Nous voulons, par cette action de parrainages républicains, apaiser l’esprit de ces jeunes en leur montrant que nous sommes à leur côté, avec eux. Viviane, Hajaniaine, Suzanna, Patrick, vous avez maintenant un papier.
Il n’est pas officiel, ne vous protège pas avec certitude.
Mais une chose est certaine : par l’attestation que vous détenez, nous, représentants du peuple, vous reconnaissons omme membre à part entière de notre corps social, de notre communauté.
Cette reconnaissance vaut plus qu’un document administratif. Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que la vie d’un homme, d’une femme ou d’un enfant ne tient seulement qu’à un bout de papier.
Ainsi, la Ville de Nevers accomplit le devoir fondamental de la cité en honorant ses engagements et les valeurs que ses élus défendent.
« Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort ».
Puissent les autorités avoir présente à l’esprit cette réflexion de François Mitterrand.
Je vous remercie.

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