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Collectif nivernais contre l’expulsion d’enfants et d’adolescents scolarisés - Page 30

  • C.R. CONFERENCE DE PRESSE PUBLIQUE DU COLLECTIF

    (  26 Janvier - 18h30 - Bourse du Travail ) 

                    1)  Jimmy ouvre la conférence devant une soixantaine de personnes, rappelant que le Collectif existe depuis un an, qu'il a quelques réalisations et même quelques succès à son actif. Malheureusement, l'utilité de ce Collectif ne se dément pas, au contraire tend à se renforcer en cette année d'élections où l'immigration sera au centre des débats politiques, et où les expulsions de sans-papiers semblent être une arme électorale aux mains de certains candidats. Pour preuve, et à titre d'exemples parmi tant d'autres, présentation est faite de quelques dossiers dans la Nièvre:

                    - Caroline nous expose le cas de Suzanna Mkrtchian, Nathalie de la famille Diakhaby, Pascale relatant l'histoire de la famille Bözkurt et Jean celle de Fatih Kilic. Au delà de l'aspect administratif, chacun des rapporteurs met en avant le caractère inhumain du traitement de ces étrangers par l'administration d'une nation que l'on ne peut décemment plus qualifier de celle des droits de l'Homme. En conclusion, Brigitte nous rappelle que la loi dite CESEDA ( Code de l'Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d'Asile ), s'étant considérablement durcie, les étrangers, à l'image de Pedro Cuziza, seront placés dans des situations  intolérables.

                    - Après ces exposés (note ci-dessous), Jean demande instamment à toutes et à tous de diffuser au maximum ces informations, afin que la population se rende compte des drames qui se jouent à coté de nous.

                    - Denis Thuriot précise qu'en dehors des cas susnommés, le problème concerne nombre d'étrangers plus ou moins acceptés par notre société, non expulsés mais jamais régularisés. L'homme de droit s'insurge contre la façon dont les dossiers sont traités, ou pas, ou mal, ou avec un zèle malsain, par les services de l'Etat, plongeant ces étrangers dans la précarité et suspendant une épée de Damoclès au dessus de leur tête.

                    2)  La parole est ensuite donnée au représentants des partis politiques ayant répondu à l‘invitation :

                    - Julien Vial, au nom du Parti Socialiste, excusant Christophe Warnant retenu par ailleurs, rappelle le soutien plein et entier du P.S au Collectif. Il en salue les membres pour leur action et leur dévouement. Soulignant que les élus socialistes restent mobilisés comme ils l'ont été lors des parrainages républicains, il précise que Martine Carillon-Couvreur avait interpellé ces collègues députés après la tentative échouée d'expulsion de Suzanna, obtenant des réactions venant de tous bords, et exigeant la création d'une commission d'enquête sur la façon d'appliquer la directive de Juin dernier, souhait bien évidemment rejeté par la majorité législative actuelle. En conclusion, Julien Vial souligne que le Parti Socialiste n'accepte pas le lien entre les expulsions, électoralistes, et le débat sur l'immigration; les deux doivent être dissociés. Ce débat est annoncé comme un des sujets de réflexion importants ayant lieu prochainement au sein du P.S. dans le cadre de la campagne électorale.

                    - François Diot, pour le Parti Communiste, fait plus qu'associer son parti à la démarche du Collectif, il est dans le Collectif. Mais si les cas heureux de régularisation sont une réelle victoire, il manque cependant une politique globale pour les 25 à 30000 cas restants de sans-papiers non régularisés. A cet égard, le P.C. se prononce sans équivoque pour la régularisation de tous les sans-papiers, refuse de faire le tri entre "irrégularisables" et autres, fustige enfin le Ministre de l'Intérieur pour sa politique néo-coloniale d'immigration choisie qui aboutirait ni plus ni moins à une forme moderne d'esclavage. Le cas des sans-papiers nous interroge sur la place de l'Homme dans la société. Dans cette optique, la candidate M.G. Buffet propose d'abroger la loi CESEDA, de régulariser les sans-papiers avec un titre de séjour de 10 ans, de donner le droit de vote aux étrangers, enfin de mettre en place une vraie politique de coopération avec leurs pays d'origine.

                    - Geneviève Lemoine, pour Lutte Ouvrière, salue la mobilisation depuis quelques années de la société civile, souligne que cette mobilisation, malgré des échecs comme celui, récent, de Fatih Kilic, a certainement provoqué la directive Sarkozy du moins de Juin. L.O. relie cette politique d'immigration à la politique générale actuelle: le gouvernement s'en prend aux sans-papiers de la même façon qu'il s'en prend aux salariés, aux jeunes des quartiers; il s'agit bien d'une politique réactionnaire générale. L'immigration sera choisie dans le sens qu'elle sera régulée en fonction des besoins des patrons. Partant du constat que le flux d'argent allant d'Europe vers l'Afrique par exemple est inférieur à celui qui revient, L.O. appelle à une politique de co-développement: "on ne choisit pas l'exil, on y est poussé par une extrême violence et une extrême misère."

                    - Wilfried Séjeau, Conseiller Régional et représentant les Verts, salue également le travail énorme abattu par le Collectif, avec des résultats probants. Mais on ne pourra pas se battre ad vitam aeternam, si la loi continue de se durcir. Il s'agit désormais de ne pas rater une deuxième fois l'occasion, loupée par la gauche en 1997, de régulariser: les Verts proposent donc une régularisation importante, de régler une fois pour toutes le problème de la double peine, de restaurer le droit de vivre en famille, d'instaurer pour les étrangers l'accès à la fonction publique et le droit de voter pour les élections locales. Enfin, il faudra aller beaucoup plus loin en matière de coopération; quelques chiffres qui résument la politique de la France: son objectif d'aide financière ayant été fixé à 0,7% de son PIB, il atteint en fait à peine 0,4%,le total des aides à l'Afrique n'est que de 57 Milliards alors que le service de la dette s'envole à 343 Milliards!

                    - Roger Charaudie, Maire de Garchizy, se réjouit de l'existence du Collectif, rappelle qu'il était à nos cotés dès le début, s'étant entre autres souvenu que sa commune, dans son passé, avait bénéficié d'une forte immigration portugaise porteuse de richesses. Il lutte à Garchizy contre toutes les expulsions, rapprochant celles des sans-papiers des locatives: "à partir du moment où des gens s'installent, vivent, habitent dans un pays, on se doit de les y accepter, tous sans exception".

                    3)  Annie Troncy, pour le Collectif, remercie tous ceux qui nous ont suivi depuis Décembre 2005, et ils sont nombreux: celui-ci compte en effet 43 associations, syndicats ou partis et 2000 signataires de son appel. Du chemin a été parcouru, mais il faut continuer: une manifestation publique avec un apport universitaire sera organisée au Printemps, nous serons à nouveau dans la rue à chaque menace d'expulsion, et une pétition pour Suzanna circule actuellement, forte déjà d'un millier de signatures que nous pourrions remettre au Préfet si celui-ci consentait à nous recevoir.

                    -  En conclusion, Brigitte et Jean insistent sur le fait qu'il faut avoir rencontré des étrangers en difficulté pour se rendre vraiment compte de leur détresse; il faudrait être plus nombreux à faire un pas dans leur direction; ne nous cantonnons pas uniquement aux actions publiques d'un Collectif, si utiles soient-elles.

    Prochaine réunion du Collectif :  LUNDI  12  FEVRIER à 18H , 7ème Et. BOURSE DU TRAVAIL.

  • Toujours « sans-papiers » : poursuivons notre mobilisation pour un monde plus juste.

    Suzanna MKRTCHIAN :

    Suzanna Mkrtchian est une élève du Lycée Raoul Follereau particulièrement volontaire. Mais, comme ses camarades de classe très concernés et déstabilisés par sa situation, Suzanna ne peut pas préparer sereinement son baccalauréat. Parce qu’elle est Arménienne, Suzanna vit en effet dans la peur permanente d’une expulsion, toujours menacée du couperet  de l’Arrêté de Reconduite à la Frontière que le Préfet de Nevers a prononcé à la rentrée dernière. Une forte mobilisation publique l’avait alors soutenue, un vice de forme avait permis de la faire sortir du Centre de Rétention. Cependant, Suzanna voit s’acharner le sort préfectoral sur elle, à l’instar d’autres jeunes étrangers régularisés l’an passé, puisqu’en ce début d’année 2007 elle est de nouveau convoquée au Commissariat, de nouveau menacée d’une expulsion de France où elle s’est intégrée voilà maintenant cinq ans. Comment accepter cet acharnement de la Préfecture sur une élève parfaitement intégrée ? 

     

    Famille DIAKHABY :

    Mamadou Diakhaby, guinéen, a été arrêté pour avoir rejoint un groupe d’étudiants manifestant contre le régime militaire de son pays. Emprisonné, torturé, frappé jusqu’à tomber dans le coma, il a réussi à s’évader de prison pour venir en France en 90. Son épouse est venue fin 95. Mais, n’ayant pas de logement à eux, son épouse est repartie au pays pour accoucher, fin 96, de deux filles jumelles qu’elle laissera à la garde de la grand-mère, pour rejoindre son mari. Elle n’a plus quitté la France où elle a donné naissance, à Nevers,  en juin 2000 à Batoura, et en avril 2004 à Mamadou. Malgré de multiples démarches administratives

    conformes à la législation, M et Mme Diakhaby n’ont jamais pu obtenir une autorisation de séjour, malgré leur présence en France depuis bien plus de 10 ans ! et cela malgré la naissance et la présence en France de leurs deux enfants scolarisés.

    Dernièrement, Mamadou Diakhaby a été victime d’une accusation sans preuve : il porte le même nom et le même prénom que quelqu’un recherché par le tribunal de Chalon. Pour cela , Monsieur el Préfet refuse de le faire bénéficier de la circulaire du 13 juin dernier. Depuis le 27-11-06, date où le tribunal a reconnu qu’il n’était pas l’homme recherché, le préfet n’a pas encore décidé la régularisation de cette famille qui n’a jamais posé problème par ailleurs.

    N’y a-t-il pas là, atteinte au droit à une vie familiale normale prévu par la loi et par la Convention Européenne des Droits de l’Homme ? Alors, pourquoi une telle injustice, une telle inhumanité de la part de notre pays ?

     

    Famille BOZKURT :

    D’origine turque, la maman, Songül, est venue en France le 2-10-2000. Depuis, elle n’a pas obtenue de réponse positive de l’OFPRA ni de la Commission des Recours. Le papa, Turan, déjà expulsé de France à la suite du refus de l’OFPRA et de la Commission des Recours, est revenu en France et a déposé une nouvelle demande à l’OFPRA. Il est en attente de la décision de la Commission des Recours. Il est à noter qu’il a fourni un certificat médical

     faisant état de lésions, repérées après son retour de Turquie où il avait été expulsé. Etant en attente de décision, il n’est pas considéré comme « sans papiers », et donc on lui a refusé, ainsi qu’à son épouse, le bénéfice de la régularisation prévue par la circulaire du 13 juin dernier. Et pourtant, Kadir, né en Turquie le 3-2-98 est scolarisé en CE1 à Nevers ; Zara, née en Turquie le 28-02-2000 est scolarisée en CP à Nevers ; Havin est né à Nevers le 21-07-05 ; et Aleyna est née à Nevers le 12-09-06. Qu’est-ce que l’administration va encore trouver pour justifier le maintien de cette famille dans la situation inhumaine des « sans papiers » ?

     

    Fatih KILIC :

    Fatih Kilic, lycéen d’à peine 16 ans a participé à une manifestation en Turquie. Pour cela, la Cour de Sureté de l’Etat de Malatya (Turquie) l’a « condamné par contumace à la réclusion criminelle de 3 ans, 5 mois, 10 jours, avec suppression de ses droits civiques ». Agé de 17 ans, Fatih a donc fui la Turquie pour venir en 2000 demander asile et protection à la France. Il a effectué toutes les démarches administratives prévues par la législation française. Nous possédons tous les éléments de son dossier. Mais la France lui a refusé sa protection et le 3 janvier 2007, la police nivernaise l’arrête, et sur ordre de la préfecture, le mène au Centre de Rétention de Lyon, pour être expulsé en Turquie. En plus de la peine liée à cette condamnation par contumace, Fatih sera emprisonné pour défaut de Service Militaire … et nous connaissons les comportements policiers dans cette région du Kurdistan de Turquie !

    Nous ne pouvons accepter cela. Fatih attendait autre chose de notre pays. N’a-t-il pas droit à un autre avenir ?

                                                               

                                                                Conclusion :

     

                Le Code d’Entrée et de Séjour des Etrangers et Demandeurs d’Asile (CESEDA) qui n’a cessé de se durcir, place les personnes étrangères dans des situations intolérables que nous ne pouvons accepter.

                Ceux et celles qui viennent demander la protection de la France ne le font pas pour contourner la loi, comme on le dit trop facilement, mais, parce que réellement leur vie, leur liberté, et celle de leur famille, sont menacées dans leur pays.

                Pédro Cuziza a dû rejoindre les clandestins, alors qu’il vit depuis plus de 5 ans en France. Toutes ses démarches ont échoué : « pas de preuves probantes » au regard de l’OFPRA et de la préfecture.

                Si la France et l’Europe poursuivent le durcissement du Code d’Entrée et de Séjour des Etrangers et Demandeurs d’Asile, les enfants et les jeunes que nous soutenons avec notre « Collectif », ne seront-ils pas les « Fatih » et les « Pédro » de demain ?

  • Nouvelle lettre de soutien à Suzanna et sa famille

    Wilfried Sejeau vient de réaffirmer son soutien à Suzanna et sa famille auprès du Préfet dans la lettre suivante :collectif_lettre_verts_260107.pdf